Le nom de Sauzon, le célébrissime bourg de la commune / paroisse du nord de l'île, ouvre en effet la possibilité que des Saxons se soient établis sur l'île : Saozon en breton est le pluriel de Saoz [1], 'saxon' (mais depuis longtemps, et aujourd'hui) 'anglais' [2], Et si la présence de Vikings à Belle-Île reste hypothétique, leur présence sur l'île de Groix, seulement 16 milles plus au nord, est archéologiquement incontestable.
Comme on le verra, l'étude étymologique des toponymes n'est pas chose facile. Mais en l'absence de documents écrits, c'est une des seules manières, avec l'archéologie, d'écrire l'histoire.
Nous passerons en revue (En) Oulm, le nom d'un îlot proche de la grotte de l'Apothicairerie, (Port)[3] Coton, fameux pour ses aiguilles sur les tableaux de Monet, les nombreux lieux d'habitation en Bord-, Bort- ou Bor-, et le nom du chef-lieu, (Le) Palais,
Nous résumerons chemin faisant ce que nous savons des pérégrinations des Saxons et des Vikings dans les territoires proches de notre île.
Nous nous interrogerons enfin brièvement sur l'origine de Guedel, l'un des noms de Belle-Île, la Pointe des Echelles (Skeul), sur Bangor (qui n'est bien sûr ni saxon, ni norrois !) et même Kastel Martine, un mystérieux micro-toponyme vers la Pointe du Vieux Château (Koh Kastel).

Pierre Gallen dans son Inventaire et Histoire des Toponymes de Belle-Île en Mer a livré ses recherches tout en collectant beaucoup hypothèses précédentes, dans une optique exclusivement celtique.

Pour l'archéologie de l'époque concernée, le tour est vite fait. Un résumé récent d'une prospection souligne que nous n'avons aucune trace, ''...La période du haut Moyen-Âge reste, d'après les données archéologiques, l'inconnue. L'île, par sa situation géographique, loin de la masse continentale, a été sans doute soumise, pendant cette époque d'instabilité, à des mouvements de population et invasions ; la migration bretonne, le piratage des saxons et, plus tard, des Vikings. Tous ces mouvements n'ont laissé aucune trace archéologique identifiable pour l'instant...''.

Pour finir par une note plus légère, regardons ce qu'il advient quand on dresse une carte en l'absence de renseignements fiables... C'était le lot de l'illustre Mercator (1512-1594) (celui de la célèbre projection) pour Belle-Île sur une carte générale de Bretagne et de Normandie



Si S. Pol (S. Pauwels), Le Palais, et S. Elene (Helene), sans doute Locmaria, sont attestés par ailleurs dans le routier qui accompagne les cartes de Waghenaer (1584/5), je reste pantois devant Cant et Passesoyn[4].

A Suivre ...

Notes

[1] Autre graphie Saos.

[2] C'est par exemple l'interprétation du R.P. François-Marie de Bel-Île dans son Histoire de Bel-Île, 1754.

[3] Rappelons qu'un port (porzh en breton), un emprunt clair au latin portus ('port', dérivé du sens premier 'passage') est un endroit où une barque peut être tirée à sec (passant ainsi de la mer à la terre ?). Certains linguistes et historiens précisent qu'une embarcation doit pouvoir y passer l'hiver, mais cette restriction ne s'applique visiblement pas aux 'ports' bretons.

[4] Sauzon?, mais que faire alors de Pas...